Avec Orphée. Nous ne disposions que de ses dix jours de congé scolaire pour ce voyage.
J'avais proposé à Orphée des vacances chez ses grands-parents coréens.
Leur belle-fille est venue nous chercher à Incheon. Pour gagner Suwon, deux bonnes heures de trajet dans les bouchons de retour de week-end des Séoulites.
Mais un festin nous attendait le soir !
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Ici, c'est le repas du lendemain matin, après l'échange des cadeaux. Orphée a eu ses kim et son riz ; pour le reste, c'est moi qui ai fait honneur aux talents culinaires de sa grand-mère.
Si vous regardez la photo dans le détail vous y verrez la preuve que ni Orphée ni moi (la place vide) n'avons encore acquis les habitudes correctes avec nos baguettes.
Ils nous excusent.
A vous de trouver l'erreur ?
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Voilà maintenant avec Su-Jung l'amie de la maman de Yuna. Elle habite un splendide appartement au "Lake Palace" à Jamsil, mais n'avait pu m'accueillir cette fois-ci chez elle, recevant actuellement sa famille américaine. Avec sa belle-soeur, elles m'ont guidé vers les nouilles (칼국수) les plus réputées de Séoul à son avis, dans un infâme boui-boui du marché de NamDaeMun où sur un zinc de 1,80 m x 70 cm on se régale à douze en 10 mn serrés comme des sardines. Palli-Palli, il faut que ça débite !
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Lee Kwang-Jae et sa famille, nous nous sommes retrouvés un soir à Anguk, entre Gyeongbokgung et Insadong. Il avait réservé une table dans un restaurant "français". En fait, un de ses clients qu'il fournit habituellement en Bourgogne et Bordeaux. Ca a été le grand jeu, la preuve de sa réussite commerciale : Maître d'hôtel, serveuses et serveurs en costume noir, chemise blanche et noeud papillon... Chardonnay blanc 2008 avec les entrées, Hautes Côtes de Nuits 2006 avec le tournedos de filet de boeuf (local lui) et ses petits légumes, et les fromages ! Une seule surprise par rapport à un service classique à la française, mais bien compréhensible en Corée : le sommelier a commencé par nous servir d'office à chacun un grand verre d'eau.
Le temps d'une soirée, j'ai oublié avoir traversé la planète.
Et ils m'ont reconduit jusqu'au pied de mon hôtel à Myeong-Dong.
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En revanche, c'est ma grande déception, je n'ai pas pu voir les parents de Cia et Noa, ni Young-In. Elle vit dans l'île de Ganghwado, il m'aurait fallu une ou deux journées de plus ; eux sont installés de l'autre côté dans le Gangwondo, un endroit de campagne introuvable, et Jae-Hyun était trop pris par son travail en semaine. L'an prochain, sûrement...
En revanche, j'ai pris le temps de courir les Lotte et Sinsegae Dept Stores à la recherche d'un couchage à la coréenne pour le fils de Meera. Là, il aurait fallu faire couper, coudre et broder sur mesure... ç'aurait été ravissant, typiquement coréen traditionnel, mais peu adapté pour un tout jeune enfant. Et c'était hors de prix ( 60 man Won avant marchandage) !
Sur les conseils de Jack - dont l'humour (I'm tired but not retired ! ) et le courage ont raison de ses déboires de santé ! - j'ai cherché et trouvé très rapidement sur le marché de DongDaeMun. Pour un prix raisonnable. Ce fut aussi l'occasion d'une rencontre extraordinairement sympathique avec la famille des commerçants, la mère, le père et la fille. Meera a reçu le paquet, elle est satisfaite. J'irai les voir bientôt.
Sun-Hee et ses amies de Brisbane. Nous avons tenté de nous rencontrer, mais nos disponibilités ne s'accordaient pas. C'en est resté à des échanges de mails ou des coups de fil, c'est remis à l'an prochain.
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Vous reconnaissez Jean-Michel et Marie-Chloé. Elle, habillée en petite dame ; lui dans une chemise que j'aurais bien aimé trouver pour mon compte. Ils semblent aller très bien. Marie-Chloé nous a confié que c'était son premier bulgogi ! ! ! en Corée ; Jean-Michel a accepté les billets gratuits pour la soirée à la Korea House dont j'avais été gratifié la veille au KNTO (près du Cheonggyecheon), qui reste pour moi un de mes refuges habituels... quand le téléphone ou l'internet de mon hôtel sont saturés ou en panne.
Voyez leurs blogs "jm-en-coree" et "vadrouilleencoree".
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C'était notre seule rencontre, à la gare de Séoul, avant que je ne retrouve mon filleul.
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Puis, descente sur Busan en KTX où Orphée a bien constaté l'affichage de la vitesse dès que le train approche les 300 km/h.
Pas de problème pour rejoindre l'immeuble de KIM Tae-Hoon à 20 mn à pied de Seomyeon... sauf que Orphée trouvait ça bien fatiguant à marcher, et son bagage pénible à traîner sur des trottoirs aussi vite défoncés qu'ils sont refaits (c'est un des petits côtés de la Corée, conséquence de Palli-Palli)... et les feux rouges bien longs, que les piétons respectent, mais les taxis ou livreurs pas toujours.
Lui qui sortait tout juste de sa découverte du métro (à Paris), il est très vite devenu expert à trouver la bonne ligne, à utiliser sa carte magnétique, à savoir à quelle station on arrive, à repérer la bonne sortie... tant que c'est écrit en lettres de chez nous. Pour les affichages en Hangeul, voir l'an prochain.
Là, je n'ai pas pu résister à faire la photo : abandonner le téléphone portable pour son tricot, à dix-sept ans, ça force mon admiration : ces jeunes ne sont pas tous perdus ! A droite c'est la soeur aînée. C'était l'occasion de discuter avec elle. Elle m'a ensuite aidé à préciser avec Yukyoung le lieu de rendez-vous que nous nous étions fixé à Haeundae.
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Nous y voilà. La lumière de cette fin d'après-midi d'automne invitait à rêver... "Ô temps suspends ton vol ! "... juste assez pour s'enrhumer dans l'air marin en attendant Yukyoung.
Redites-moi, s'il vous plaît, le nom de ces nouilles froides. Orphée ni Yukyoung n'avaient plus faim, j'ai tout fini.
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23 novembre, François KOH vient de m'en rappeler le nom :
물냉면
Après trois pas dehors ils ont quand même jeté leur dévolu sur une énorme glace communautaire.
Vous savez que j'aime beaucoup Yukyoung. Elle m'a dit : c'est comme si on s'était vu hier ! Je ressentais la même chose. La mondialisation tentaculaire et boulimique, la pratique habituelle et si facile des réseaux sociaux ont aboli le temps et les distances. "Invite-moi, et je vais te voir à Velars ! " OK, c'est fait. L'an prochain... c'est-à dire dans deux ou trois mois.
Elle a laissé Orphée utiliser son smartphone. Ils n'avaient pas besoin de langue commune pour communiquer. En deux minutes il a réussi à afficher mes messages Gmail, lui qui n'avait encore jamais eu en mains un semblable bijou. Treize ans ! Ces gamins m'impressionnent.
Quelle langue parler ?
La jeunesse coréenne parle désormais un mélange de coréen abrégé, de konglish qui se développe au jour le jour pour les besoins de la communication, et d'anglais à la fois pour montrer qu'on maîtrise la langue de Shakespeare, ou tout simplement parce que c'est celle qu'on utilise par obligation usuelle dans son travail (Yukyoung, Eun-Jin... ), peut-être aussi parce que des idées y sont plus simples ou plus précises à dire qu'en coréen.
Chez KIM Tae-Hoon : avec lui, on parle anglais... ouais ! un anglais transmis par des profs américains, australiens, néo-zélandais ou canadiens, rarement british pur jus, et régurgité avec le fort accent de Busan - avez-vous déjà entendu un Marseillais du Vieux Port parler anglais ? - il faut parfois demander de répéter. Mais aucune difficulté quand on s'écrit.
Avec Madame, on ne parle que coréen... si on dispose du bagage minimum, et si son extrême timidité ne l'a pas fait se recroqueviller le nez dans sa vaisselle au premier "bonjour ! ".
Les deux filles : Gee-Hye (d'un an l'aînée d'Orphée) en est à sa troisième année d'anglais en secondaire, sans compter les initiations en primaire. Mais elle n'en dit pas plus qu'un élève de Sixième chez nous à Noël. Elle dit vouloir devenir Ambassadeur. Une montagne de progrès à l'horizon !
Sa cadette de deux ans, Gee-Hyun, en dernière année de primaire, mais en troisième année d'initiation à l'anglais est à peine capable de dire bonjour, son âge et son nom... Mais elle dit vouloir être professeur... d'anglais ! Why not?
Et comme Orphée n'en dit pas davantage en coréen, malgré les cours de sa maman, la conversation entre les trois ados chez KIM T-H était des plus réduites. Pour contrer ma déception, Gee-Hye nous a donné son adresse e-mail, comme pour créer un déclic. Il me plairait qu'Orphée en profite, dans la langue qu'il voudra !
Comme à chaque visite chez eux, nous les avons quittés inondés de cadeaux et de promesses d'y revenir, notamment pour le mariage qui se précise.
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Quelques flashes maintenant de la rencontre avec Benoît, sa fiancée, et la future belle-famille. C'était le but essentiel du voyage.
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Rendez-vous au Paris Baguette proche de la sortie N° 8 de la station de métro City Hall. Ainsi Orphée a pu se faire son petit déjeuner à la française. D'année en année la qualité du pain et des viennoiseries s'y est grandement améliorée. C'est vrai qu'en ville, à Busan comme à Séoul, j'ai constaté la présence française de plus en plus nombreuse et influente.
Beau-père et belle-fille. Un moment très agréable.
Eun-Jin et ses parents.
Le grand jeu.
Dans un restaurant spécialisé pour les rencontres familiales solennelles.
Menu coréen cette fois-ci, évidemment, surabondant et délicieux autour d'un superbe assortiment de poissons crus, autres beignets de fruits de mer, et bulgogi, et kimpaps riches... dont Orphée n'aura mangé qu'un bol de riz ! "Si c'est rouge, disait-il, c'est soit trop saignant, soit de la tomate - mais la cuisine coréenne ne l'utilise pas -, soit du piment, alors je ne peux pas en manger."
Au menu des échanges sérieux, après les informations réciproques sur la composition des familles, les activités professionnelles, manière de repérer une certaine concordance des situations sociales,...
... ce dialogue :
- Est-ce que vous agréez notre fille pour entrer dans votre famille ?
- (ma réponse était prête) : Votre fille à mes yeux est charmante, mais nous ne nous posons pas cette question. Le mariage de Benoît et Eun-Jin, c'est leur affaire. Je m'en réjouis, je n'ai pas à dire oui ou non.
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- Et combien voulez-vous qu'elle vous donne de petits-enfants ?
- (stupeur ! je ne pensais pas que le dialogue irait jusque là ! ) : C'est encore moins mon affaire. C'est leur vie à eux !
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Il y eut cependant un bémol au plaisir de la rencontre, quand je me suis rendu compte que, même si c'est eux qui avaient commandé le restaurant et le menu royal, ils ont laissé Benoît payer... Un trou dans son budget à quoi il ne s'attendait pas du tout, ni moi. Je l'ai aidé un peu.
Mais je l'inviterai à rester très circonspect sur ces questions d'argent. Bien que débarquant d'Occident, ni lui ni moi ne roulons sur l'or.
Les Coréens à qui je viens de raconter ça en France m'ont dit que les parents de Eun-Jin ont commis une erreur. Ca ne devrait pas porter ombrage au bonheur entre les tourtereaux, ni à ma sympathie pour ma belle-fille. Mais, prudence pour l'organisation des festivités du mariage le 11 juin 2011 !
D'ici là je reverrai Benoît et Eun-Jin au moment du prochain Seollal. Il souhaite lui faire découvrir un peu de son pays.
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Le 1er novembre - ça n'a rien d'une Toussaint en Corée, Chuseok date déjà de plus d'un mois - c'était un lundi comme tous les lundis, j'ai initié Orphée aux bus inter-cités (les Transco locaux, disait-il) pour Hadong.
Voir Yuna Omma et Yuna Appa.
La santé de Monsieur continue à vaciller, et Madame donne un dernier coup de collier - trois ans encore à trimer avant une très modeste retraite sur cotisations volontaires - d'autant plus qu'elle a recommencé à financer mensuellement et largement sa fille à Londres. Ca me paraît très factice.
Visite très courte, une journée seulement, mais plaisir de vérifier que j'avais bien reçu et compris (avec l'aide de Young-Ok) sa lettre très affectueuse de mi-août, et de se promettre que je reviendrai à Hadong pour plusieurs semaines dès mi-mai 2011, avant le mariage de Benoît.
Et Orphée a pu faire un petit tour de grande liberté avec mon vélo !
Le lendemain, 2 novembre, Myeong-Hee aurait pu descendre de Jirisan jusqu'au Geum-Seong Shik-Dang de Hadong... mais nous nous envolions de Gimhae, pour arriver à Velars le soir.