24 décembre 2007

Hyun-Ju (Julie)

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Julie, ce soir c'est Noël.

Chez nous en Occident, oui. Mais désormais partout sur la Terre. A Brisbane où tu es, c'est bientôt minuit, Noël doit y battre son plein !
Pardonne-moi d'abord de publier cette photo (qui a déjà plus de trois ans) sans avoir eu ton autorisation expresse. A l'époque je ne parvenais pas à te convaincre que tu pouvais être une "pretty girl". Maintenant, tu le sais ! Et c'est la beauté de ton coeur que reflète ton visage.

Il m'a semblé que l'honnêteté vis-à-vis de mes lecteurs m'obligeait à te présenter dans ces pages. Car ils sont nombreux qui se demandent quelles sont nos relations :
Nous nous connaissons depuis cinq ans et demi. C'est Yuna ton amie de jeunesse qui nous avait rapprochés.
Ni toi ni moi n'oublierons jamais ce premier après-midi en tête-à-tête au Starbucks-Café de Somyeon où, malgré la difficulté du dialogue en anglais hésitant, nous avons tout de suite beaucoup partagé. L'un comme l'autre, nous nous efforcions d'exprimer et de comprendre ce que l'amitié naissante réclamait d'échanger.
Puis : les rendez-vous à l'entrée du Lotte, les retrouvailles d'une année sur l'autre, le shopping - quel plaisir pour moi que tes conseils sur le choix des T-shirts ! - les séances photo avec tes amies, les petits restaurants, les longues discussions, les vagues à Haeundae, les cadeaux, le séjour à Hadong où je t'avais sollicitée comme interprète entre la maman de Yuna et moi, la rose que tu m'avais offerte pour ma fête - première fois dans ma vie ! - les dîners autour d'un crabe à Millak (c'est la photo ci-dessus prise par KIM Tae-Hoon), la visite à ton Université, la journée touristique jusqu'au Temple de Yonggung et les photos avec ce garçon qui aurait bien voulu être ton boyfriend, le métro qui nous emporte, les appels téléphoniques entre Velars et Busan, tes lettres merveilleuses, les difficultés dans ton travail que tu m'expliquais par e-mail, les cartes que je t'envoyais à des adresses improbables et fluctuantes (Ah ! vous autres Coréens vous avez tous ce démon de la bougeotte !) que je m'efforçais de calligraphier en Hangeul, les délicieux "chats" volés sur notre temps de travail, toi à BEXCO - je me rappelle un certain jour passé minuit à Busan tu étais encore au bureau pour finir la rédaction d'un projet ; tu y serais dès 8 h le lendemain matin ! - moi à l'APP de Dijon... le week-end l'an dernier chez tes parents à Samga avec la visite de Hapcheon-Daem.
...
Ce dimanche après-midi-là, le temps s'est arrêté un bon moment, tu m'as conduit le long des digues qui bordent la rivière, ce sont les lieux de ton enfance heureuse, tu me l'as racontée... C'est mystérieusement une part de ta vie qui devenait mienne !... certainement une autre expérience de l'amour !
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Cette année-ci nous n'avons pas pu nous voir à Busan, tu venais de quitter la Corée pour l'Australie, après bien des hésitations ; Jack en est témoin, auprès de qui tu avais cherché conseil. Ton but c'est d'améliorer ton anglais pour "booster" ta carrière.
Personne des tiens n'est encore venu te voir à Brisbane. Alors j'ai imaginé ça : un peu comme ces trois Mages assez fous pour courir après une étoile, ces "fous du Roi d'Israël" qui ont franchi les déserts, je franchirai les airs et les continents, j'irai te porter un cadeau. "Fantastic news !" a été ta réaction. Merci. Encore quelques jours et nous nous retrouverons !
Certainement tu vas me raconter beaucoup de choses. Moi aussi. Peut-être vas-tu renouveler ta promesse de venir me voir un jour... jusqu'à la forêt - que ton fantôme ne cesse de hanter - ... comme l'ont déjà fait Yuna, Yukyoung et leur maman ?
De ce blog que tu consultes, tu captes quelques bribes : des bouts d'anglais, des transcriptions de Hangeul, des photos. Je te traduirai (j'essaierai !) ce que j'ai écrit ici.
Je ne sais pas où cette histoire nous mène. Nos âges nous interdisent un destin commun.
Peu importe ! Ces moments de bonheur illuminent la vie.
Tout ça est "présent".

19 décembre 2007

Corée 2008...




Aujourd'hui les Coréens se choisissent un nouveau Président.

On dirait que cette élection leur brûle un peu les doigts au moment de mettre leur bulletin dans l'urne :

- faible participation annoncée,

- les Coréens à l'étranger ne votent pas - même ceux de l'Ambassade, l'un d'eux le disait lundi soir - et restent très discrets,

- le Président ne peut se présenter pour un deuxième mandat consécutif... le spectre de la dictature plane encore,

- le candidat majoritaire dans les sondages jusqu'à hier est sous le coup d'une enquête indépendante voulue par l'Assemblée Nationale ; décision que son parti conteste.

J'appréciais le Président ROH :

Il a fait tout son possible pour rapprocher son pays de la Corée du Nord. Les relations humanitaires et commerciales se développent.

Sous son égide, la signature d'un armistice est en vue.

Il l'a fait en s'affranchissant peu à peu de la tutelle américaine, politiquement, économiquement, et sans froisser l'autre géant, chinois.

Il a placé un compatriote en responsabilité majeure à l'ONU, confirmant la place de son pays au nombre des nations qui comptent.

Pour ce que j'ai connu de lui - il avait choisi de rencontrer Racines Coréennes en 2004 - il me laissera le souvenir d'un homme honnête, de ceux dont la Corée a besoin à sa tête.

... Et, sous son mandat, toute facilité de retour a été donnée aux natifs de Corée adoptés à l'étranger, avec le visa F4. Ca n'est pas la double nationalité, mais ça en a tous les avantages : séjour aussi longtemps que souhaité, droit de travailler, pas de service militaire.

Au nom de mes fils, merci ! Benoît devrait bientôt en profiter.

Il y a six mois j'ai dit à Sun-Ju et à d'autres amis coréens à Busan et à Dijon que la réunification de la Corée allait survenir de façon soudaine... comme en Allemagne !... Et proche. Je pronostiquais un an, soit mi-2008. On restait sceptique. Sous réserve que le prochain Président continue sur cette lancée,

je confirme mon pari !

09 décembre 2007

Marée noire en Mer Jaune.

Il y a quelques jours un pétrolier taïwanais a été éperonné par une barge remorquée au large de la côte occidentale de la Corée du Sud.
Ils n'ont pas pu endiguer efficacement à temps le pétrole déversé en grande quantité dans la mer.
La marée noire vient d'atteindre la côte au droit de la ville de Daejon, exactement la presqu'île de Tae-an. Le parc national maritime, les cultures d'huîtres, 50 km de plages et de rochers sont déjà souillés.
On en parle peu en France.
J'aimerais participer au nettoyage, si c'est utile. Je questionne aujourd'hui mon ami KIM Tae-Hoon de Busan à ce sujet.

03 décembre 2007

Verba

Voici en vrac des paroles chargées pour moi d'un inépuisable potentiel. Certaines appartiennent à l'histoire de l'humanité. D'autres m'ont été spécifiquement adressées. Toutes me parlent :

- "Bernard, tu sais que tu avais un jumeau ; enfants de la guerre, vous étiez tous les deux très faibles, il n'a survécu que quelques minutes à sa naissance. La sage-femme de Tassin la Demi-Lune, Mme V., m'avait dit : "Ne vous faites pas de souci, Madame H., d'ici vingt-quatre heures le deuxième de vos jumeaux aura rejoint le premier." ! " (ma mère, quand j'ai eu "l'âge de raison").

- "Bereshit bara Elohim..." (La Genèse I,1).

- "Est-ce que tu crois à la ré-incarnation ?" (Jean-Jacques G. camarade de classe de quatrième au Lycée Duveyriez à Blida, en cour de récréation, avril 1957).

- "L'eau que je te donnerai : une source jaillissante pour la vie éternelle." (Jésus de Nazareth, environ 30 de notre ère).
- "Ne vise pas des choses impossibles ; ce serait l'occasion de ton malheur." (Bouddha, ou un de ses disciples, quelques siècles avant notre ère).
- "Tu me demandes le chemin du bonheur ? Le bonheur, c'est le chemin."... et encore : "Je suis la voie, la vérité, la vie." (les mêmes).

- "Bernard, dis-moi : qu'est-ce qu'il y a après la mort ?" (maman, Champagne au Mont d'Or, dans les années 90).

- "O vos omnes qui transitis per viam ..." (liturgie grégorienne de la Toussaint).

- "Bernard, tu habites très loin !" (M. Ricard P.S.S., Séminaire Saint-Irénée, 1969).

- "Ich liebe dich !" (Yuna, Gwangalli, 17 août 2001).
- "I miss you." (Hyun-Ju, Busan, si souvent !).

- "J'aurais aimé être plus vieille. ... ! ... ? ... Oui, comme ça, je me serais mariée avec toi." (Emilie D., 23 ans, à la forêt, Villeberny, 3 août 2004).

- "Papa !" (Samuel à un an, Romenay, 1984).

- "Jung-Hoon (= Benoît), tous les mercredis matin, pendant quinze ans, j'ai regardé à la télé les enfants adoptés à l'étranger qui voulaient retrouver leur famille d'origine en Corée. J'espérais te voir ; je ne t'y ai jamais vu... Mais tu es là maintenant avec nous !" (Soeur aînée de la mère de Benoît, Daegu, 23 août 2003 - traduction simultanée par Yuna).

- "In Korea I've got a father. In France I have a papa." (Yuna, Londres, automne 2005).
- "Il est mon fils bien-aimé. En lui j'ai mis toute ma confiance. " (Dieu le Père, de toute éternité).

- "Ne changez rien, continuez comme ça, c'est parfait !" (Audrey G. stagiaire à l'APP, Dijon, 2005).

- "Pater agie, teresson autous en to onomati sou ô dedôkas moï" (Jésus de Nazareth).

- "Bernard, je vais peindre sur tes ongles les mêmes dessins que j'ai sur les miens. Comme ça je suis sûre que tu penseras souvent à moi !" (Yuna Omma, Hadong, 31 août 2006).

- "Mektoub" (Le Coran... et aussi : ma belle-mère, en français, années 80 à Romenay).

Paroles brutes ou ciselées, reproduites ici dans un désordre apparent. Qui s'agencent entre elles, et encore avec d'autres, qui se questionnent, se contredisent et se répondent, selon les aléas du temps présent.
Au contraire d'un kaléidoscope de futilités éparpillées, mais jouant tantôt de leur premier degré, et tantôt de leur vertu symbolique, elles participent à dévoiler progressivement à mes yeux la mystérieuse vocation du monde à l'unité.

Pour clore ce message : cette image des prémices de Chuseok (célébration coréenne des générations précédentes et des moissons), illustration de la vérité ci-dessous.
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(Hadong, 17 septembre 2007)

"Si le grain ne meurt..."