18 décembre 2011

Yukyoung


A Busan, au mariage de Benoît, le 12 juin 2011

" No, I'm not! But she is! "... me répondait Yuna quand je lui disais qu'elle-même était "pretty girl".
Toujours un peu de dépit ou de jalousie entre les deux soeurs. Normal.
Mais elles sont charmantes.

Aujourd'hui me reviennent mille souvenirs de Yukyoung. En voici quelques-uns :

Folies balnéaires à Haeundae à l'été 2003. Yuna, Samuel et Hyun-Ju en étaient, et aussi Monyang, son boyfriend à l'époque, qu'elle s'apprêtait à présenter à ses parents.

Fin décembre de la même année, en vacances ici à Velars-sur-Ouche de son séjour linguistique londonien, au retour d'une virée à deux jusqu'à Saint-Etienne où elle voulait rencontrer une amie à elle ; elle avait laissé à la forêt ce petit mot que vous trouvez en exergue du message "숲에 가요" du 5 avril 2008.

L'histoire amères de ses boucles d'oreilles offertes en souvenir de ces journées de bonheur... le mot d'accompagnement mal traduit en coréen qui avait semé la crainte dans son coeur de jeune fille, et déclenché la colère de Yuna.
Les courriers qui ont remis tout ça au net. Et l'affection revenue. Ces diamants, elle les porte depuis avec plaisir. Ainsi, la photo faite à 노고단 il y a deux ans, que vous trouvez un peu plus haut... son sourire m'accueille chaque fois que j'allume mon ordinateur.

Ses visites à Hadong qui se terminaient toujours par une discussion vive avec sa mère et avec son père.
La balade au site des dinosaures "상족암공원" près de 고성. Nous étions si heureux tous les quatre ce dimanche-là.

Au tournant de chaque année, elle m'invite à son mariage avant la fin de l'année qui vient.
- Avec qui ? je demande à chaque fois.
- Je ne sais pas, mais je me marie ! Tu viendras ? Promis ?
- Oui, of course !... Et je sens s'installer la crainte mal camouflée d'un destin de célibataire.

L'an dernier à Haeundae, pimpante comme une jeune première, soucieuse de sa ligne, et moi très fier à son côté. "C'est comme si on s'était vu hier ! " disait-elle. Et j'approuvais.

Au mariage de Benoît, elle était là avec sa mère, nous trois sur notre trente-et-un, nous avions déjeuné ensemble, et le soir encore dîné avec Samuel.

Aussi, sa recherche spirituelle du côté du monde chrétien, dont j'ai précédemment parlé plus haut... comme Yuna chez les Evangéliques.

Mais depuis deux mois elle ne donne plus signe de vie, elle n'écrit plus rien sur Facebook, elle ne répond plus, elle ne m'appelle plus au téléphone, j'ai des craintes...

Je viens d'apprendre qu'elle est atteinte d'une grave affection, qui la mine.
Priez pour elle, pour ses parents et pour sa soeur !

16 juillet 2011

Yuna



7 juillet 2011, à l'heure du café après le déjeuner
juste avant de repartir pour la gare de St Pancras,
tous les deux, à pied, bravant la pluie, comme il y a neuf ans à Seomyeon.
C'est au restaurant Jindalle, près de Picadilly Circus,
tu sais que j'aime bien y aller,
c'est coréen, c'est un peu cher, mais c'est calme,
nous pouvons parler... comme au soir de ton baptême,
c'est la seule photo que j'ai faite cette fois-ci,
tu portes la croix en or avec ses petits diamants
qu'alors je t'avais offerte.

Nous avons revu le film de ces trois jours,
les moments difficiles :
mes doutes sur le réalisme de ton projet,
quel emploi, même avec la certification ACCA ?
et ta mère qui s'épuise à Hadong,
le délire spiritiste trois heures durant dans ton église évangélique...
puis, tu avais pris ma main à nouveau, j'avais pris la tienne,
les moments heureux :
le Garbi Tang de Raynes Park,
les enfants de Wimbledon,
"cinq enfants" que tu voudrais avoir,
ne tarde plus, Yuna, les années sont là,
la crème miracle pour soigner mes mains abîmées au bois,
ton sourire sans retenue
quand je t'ai promis de t'offrir une visite à tes parents.

Mes mots sont faibles,
la vie transcende images, paroles et souvenirs.

Lecteur étonné, peut-être estimes-tu que j'en dis trop,
que ce message devrait être le dernier de Coréemonamie...

02 juillet 2011

Les Dokdo Racers

Ils sont six.
Etudiants coréens de 20 à 25 ans.
Partis de Séoul le 25 février 2011, pour les Amériques, puis l'Europe, et retour prévu chez eux le 27 août par l'Asie Centrale et la Chine.
Leur but : faire connaître Dokdo comme une perle coréenne en "Mer de l'Est"...
... mais encore :
"We hope to share our ideas toward Dokdo and world peace with people all over the world. Just by speaking of peace and harmony, a whole new history could be written".



Ils se sont arrêtés quelques jours à Dijon, sur un programme concerté avec Sun-Ju et Alice.
Leur moyen d'accrocher le public c'est le "Samulnori", classique de tous les festivals populaires en Corée.
Mais c'est surtout leur extême attention à leur hôtes qui leur ouvre les portes et les conduit à leurs tables.

A la fin du dîner,
KIM Ji-Ye s'est discrètement écartée,
elle a revêtu son Hanbok de concert,
j'ai installé un tapis,
elle m'a offert un récital,
une heure au Gayageum.
Outre les airs traditionnels coréens construits sur des arpèges qui surprennent l'oreille occidentale, je lui ai demandé si elle pouvait jouer au Gayageum une chanson de chez nous. Elle a aussitôt interprété "Non, rien de rien" d'Edith Piaf. Avec une justesse des tons qui m'a impressionné, quand on voit comment est fabriquée la hauteur des sons sur son instrument. Bravo !
Merci.
Je pensais à Song-Ja.

26 juin 2011

결혼 합니다

Benoît et Eun-Jin, le 12 juin 2011 à Busan.

La veille Benoît me disait qu'il réalisait seulement maintenant que sa vie prenait un tour nouveau : désormais ils sont deux... puis, combien ? ... aux yeux bridés à 100% !

Moi, je monte d'un cran, j'assume désormais l'appellation "할아버지" que j'entendais si fréquemment avec agacement.

Sans lui, sans son ancrage à Busan, j'aurais peut-être laissé petit à petit filer les attaches coréennes après le décès de Jack.

D'autres photos par les professionnels du mariage viendront sans doute plus tard égayer cette page.
Cependant je veux écrire ici dès à présent deux ou trois choses qui m'ont frappé pendant la cérémonie :

L'échange des consentements a eu lieu comme en France. C'était pour moi capital que fût manifesté que ce sont les jeunes qui choisissent de faire leur vie ensemble, avant d'être l'occasion d'un accord entre les familles.

Mais, même au cours de la cérémonie officielle qui garantit l'authenticité et la légalité de l'acte, je n'ai entendu Benoît appelé que sous son nom de naissance : 이 정훈. Ni son prénom ni son patronyme Hugueny acquis à l'adoption en même temps qu'était remplacée sa filiation coréenne par une filiation française - au moins selon la Loi hexagonale - n'ont été prononcés. Etrange !
En fait, la Loi coréenne me semble être exactement la même que la Loi islamique issue du Coran sur la question de la filiation : l'adoption plénière n'y existe pas, la filiation biologique est intangible, seule existe une sorte de parrainage ou de prise en charge nourricière (temporaire ? ), le nom ne se transmet que par filiation biologique.

Puis la cérémonie traditionnelle (la photo), outre les rituels confucianistes de salutations entre générations, a été l'occasion d'un discours solennel de son grand-père paternel (de naissance) qui a toujours le rôle de "chef de famille". Tout en coréen évidemment. Autant que j'ai pu en appréhender quelques bribes, et malgré la place qui nous était faite à Sylviane et moi, il m'a semblé que ce discours visait à gommer ou réparer l'erreur qui avait été faite de forcer la main de sa mère à abandonner ses deux fils quand elle s'est trouvée veuve. Le mariage réintégrait Benoît au 가족 comme si sa vie en France n'avait été qu'une parenthèse.

Quoi qu'il en soit, je leur adresse mes voeux de bonheur : que la vie à venir supplante les affres passées ! Et que continuent à vivre aussi les liens qui ont changé de nature mais qui se sont renforcés entre mon fils et moi.

01 janvier 2011

Jack 신부님이 영면하셨습니다

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Jack (petit nom pour John) Trisolini n'est plus, depuis quelques semaines. Un de ses collègues vient de m'en avertir. Le 26 octobre je l'avais revu à Séoul. Comme chaque année, il s'était réjoui de ma visite. Nous avions pu échanger assez longuement. Il s'était enquis des nouvelles de mes trois fils et de Yuna - le mariage prochain de Benoît le captivait, il partageait mon souci de savoir Yuna embarquée dans une "église" évangélique, il m'avait expliqué la localisation exacte du "Saint Ex" et de "La Cigale" à Itaewon là où Damien travaille, il avait été enchanté de savoir le prochain passage de Samuel au M.I.T. - et aussi des anciens amis de Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment de Geneviève Mauchamp et des Lacroix ; on s'était aussi rappelé Jean Tillol et Louis Albout. Sa maladie lui laissait un peu de répit. Comme s'il allait d'année en année vers une miraculeuse guérison. Le déjeuner avec ses collègues de la "Commission Pastorale Ouvrière" dans leurs locaux du quartier de Bomun avait été très joyeux. J'avais sorti le meilleur de mon vocabulaire coréen pour remercier et féliciter leur Adjumeoni-cuisinière ! ça avait plu à Jack. Il y a quelques mois un journal de Séoul (je ne sais plus lequel, ça doit se trouver sur Google) avait publié un long article à son sujet, saluant cette vie vouée aux faibles, aux blessés de la société, aux déshérités, en particulier les jeunes, à ceux qui souffrent dans la société coréenne dont les moins de quarante ans aujourd'hui ne peuvent imaginer ce qu'était la misère populaire durant les années de fer.


Le Don Bosco Youth Center, structure d'accueil et de formation professionnelle pour les jeunes en difficulté, dans le quartier de Yeongdeungpo, c'était son oeuvre des années 70 et 80, c'était là qu'il nous avait reçus en août 1973. Cette structure aujourd'hui n'existe plus, les lieux ont fait place à d'autres investissements immobiliers plus lucratifs, selon le choix d'autres ecclésiastiques, décision douloureuse pour Jack ! Ces dernières années, il s'appliquait notamment à aider des femmes d'origine étrangère à se relever de situations matrimoniales dégradantes.


Chaque année un peu avant Noël il adressait à ses connaissances partout dans le monde une page nous informant de son activité... et, discrètement, des hauts et des bas de sa santé... Dans Google, tapez : John Trisolini, et vous trouverez mille informations en coréen, en anglais, en français. Pour ma part, je lui dois beaucoup : D'abord, il est la figure emblématique d'un authentique acteur du message évangélique, cinquante ans sans faiblir (malgré une poliomyélite contractée en Corée à vingt ans, puis un cancer à soixante-cinq ans) au service de toutes ces personnes en Corée vers qui son engagement religieux l'avait conduit ; ceci m'interroge pour les années qui me sont encore données à vivre ; il a été une preuve de la force et de la vérité de ce message. Ensuite, c'est lui qui m'avait introduit à ce pays fascinant dont sont natifs mes enfants, et où se sont développées des amitiés merveilleuses ! C'est un rendez-vous désormais rayé de mon agenda, mais c'est une invitation à vivre toutes ces rencontres au maximum. Jack, merci, et Paix à ton âme !