24 avril 2009

ORPHEE ... YUNA

- Orphée ?

- Me voici !

- Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit...



Ce dialogue a résonné samedi soir 11 avril 2009 sous les voûtes de la Cathédrale Saint Bénigne. C'était Pâques... Enfin, c'est surtout Mgr l'Archevêque de Dijon qu'on a entendu, par ampli interposé, Orphée n'avait pour lui que sa voix fluette de onze ans, bien assurée cependant.

Merci à l'homme d'Eglise d'avoir bravé la Tradition en osant appeler Orphée par ce prénom. C'est ainsi que ses parents Young-Ok et Jean-Luc l'avaient prénommé. Prénom jusqu'à présent inconnu de la Litanie des Saints.

Alors, j'ai pensé ceci - et je l'ai dit à mon filleul tout neuf :

- Le prénom "Bernard", avant d'avoir droit aux autels du monde chrétien par reconnaissance des vertus de mon Saint Patron, était également issu des mythologies dites païennes, nord-européennes. C'est une invitation à vivre la sainteté. Orphée, tu seras le premier Saint du nom !

- J'ai pensé aussi que sa réponse positive à l'appel au baptême est pour lui le premier acte libre, responsable, dans sa jeune vie. Nous, baptisés à la naissance, n'avions pas eu cette chance.

- Je lui ai dit également que je m'efforcerai de l'accompagner sur ce chemin où il s'engage... J'ai cité en modèle ma marraine, Tante Hélène, qui avait su, discrètement mais très à propos, me donner les bons conseils.


Et Yuna ?

Yuna aussi était de la fête. Elle avait choisi de venir chez son papa français pour Pâques. Et de partager la joie de mes amis franco-coréens. Merci à Young-Ok et Jean-Luc de l'avoir reconnue comme ma fille.



Que de chemin depuis ce 17 août 2001 où elle nous avait interpellés Benoît et moi sur la plage de Gwangalli à Busan... (un peu de cette histoire est raconté dans les pages antérieures) !

La construction du sentiment et des liens père-fille a demandé de longues années. Ce positionnement réciproque n'était pas évident au départ. De mon côté, son irruption a bousculé ma vie :

Qui était-elle pour moi : une ré-incarnation de Song-Ja ? une nouvelle petite soeur, et moi son grand frère ? un petit oiseau blessé tombé du nid sur mon chemin ? une petite amie aussi impossible que providentielle ? la présence féminine qui manquait au milieu de nous quatre ? une immortelle source de jeunesse ? un concentré de prévenance asiatique ?... Un mélange confus de tout ça certainement.

Elle aussi se posait ces questions. Il y a eu des mises au point. Comme un clash, une fois. C'est elle qui a exprimé la demande que " je la considère comme ma fille ". Les démarches visant l'adoption simple ont contribué à la sérénité entre nous et avec les membres de nos familles... pas encore tous !

Mais l'adoption en France d'une Coréenne non-francophone qui vit à Londres pose un problème administratif nouveau : la procédure à suivre n'est pas la même selon que l'on demande à l'Avocat, au Greffe du Tribunal, au Consulat de France à Londres, à un Notaire d'ici ou à un homme de loi de là-bas... Je ne sais si ça aboutira. En tout cas je remercie l'Ambassade de Corée à Paris d'avoir authentifié sans hésitation les traductions (par Sun-Ju) de son état-civil coréen - autrement détaillé que l'équivalent français !

Si ça devait rester en panne sur le terrain judiciaire, je tiens à dire ici que Yuna est - au moins - ma filleule. Le diamant que je lui avais offert à Seogwipo voici bientôt sept ans a la même charge de promesse, de fidélité, d'éternité, de "애정" également, que le bijou donné à Orphée.