Que de chemin depuis ce 17 août 2001 où elle nous avait interpellés Benoît et moi sur la plage de Gwangalli à Busan... (un peu de cette histoire est raconté dans les pages antérieures) !
La construction du sentiment et des liens père-fille a demandé de longues années. Ce positionnement réciproque n'était pas évident au départ. De mon côté, son irruption a bousculé ma vie :
Qui était-elle pour moi : une ré-incarnation de Song-Ja ? une nouvelle petite soeur, et moi son grand frère ? un petit oiseau blessé tombé du nid sur mon chemin ? une petite amie aussi impossible que providentielle ? la présence féminine qui manquait au milieu de nous quatre ? une immortelle source de jeunesse ? un concentré de prévenance asiatique ?... Un mélange confus de tout ça certainement.
Elle aussi se posait ces questions. Il y a eu des mises au point. Comme un clash, une fois. C'est elle qui a exprimé la demande que " je la considère comme ma fille ". Les démarches visant l'adoption simple ont contribué à la sérénité entre nous et avec les membres de nos familles... pas encore tous !
Mais l'adoption en France d'une Coréenne non-francophone qui vit à Londres pose un problème administratif nouveau : la procédure à suivre n'est pas la même selon que l'on demande à l'Avocat, au Greffe du Tribunal, au Consulat de France à Londres, à un Notaire d'ici ou à un homme de loi de là-bas... Je ne sais si ça aboutira. En tout cas je remercie l'Ambassade de Corée à Paris d'avoir authentifié sans hésitation les traductions (par Sun-Ju) de son état-civil coréen - autrement détaillé que l'équivalent français !
Si ça devait rester en panne sur le terrain judiciaire, je tiens à dire ici que Yuna est - au moins - ma filleule. Le diamant que je lui avais offert à Seogwipo voici bientôt sept ans a la même charge de promesse, de fidélité, d'éternité, de "애정" également, que le bijou donné à Orphée.