03 décembre 2007

Verba

Voici en vrac des paroles chargées pour moi d'un inépuisable potentiel. Certaines appartiennent à l'histoire de l'humanité. D'autres m'ont été spécifiquement adressées. Toutes me parlent :

- "Bernard, tu sais que tu avais un jumeau ; enfants de la guerre, vous étiez tous les deux très faibles, il n'a survécu que quelques minutes à sa naissance. La sage-femme de Tassin la Demi-Lune, Mme V., m'avait dit : "Ne vous faites pas de souci, Madame H., d'ici vingt-quatre heures le deuxième de vos jumeaux aura rejoint le premier." ! " (ma mère, quand j'ai eu "l'âge de raison").

- "Bereshit bara Elohim..." (La Genèse I,1).

- "Est-ce que tu crois à la ré-incarnation ?" (Jean-Jacques G. camarade de classe de quatrième au Lycée Duveyriez à Blida, en cour de récréation, avril 1957).

- "L'eau que je te donnerai : une source jaillissante pour la vie éternelle." (Jésus de Nazareth, environ 30 de notre ère).
- "Ne vise pas des choses impossibles ; ce serait l'occasion de ton malheur." (Bouddha, ou un de ses disciples, quelques siècles avant notre ère).
- "Tu me demandes le chemin du bonheur ? Le bonheur, c'est le chemin."... et encore : "Je suis la voie, la vérité, la vie." (les mêmes).

- "Bernard, dis-moi : qu'est-ce qu'il y a après la mort ?" (maman, Champagne au Mont d'Or, dans les années 90).

- "O vos omnes qui transitis per viam ..." (liturgie grégorienne de la Toussaint).

- "Bernard, tu habites très loin !" (M. Ricard P.S.S., Séminaire Saint-Irénée, 1969).

- "Ich liebe dich !" (Yuna, Gwangalli, 17 août 2001).
- "I miss you." (Hyun-Ju, Busan, si souvent !).

- "J'aurais aimé être plus vieille. ... ! ... ? ... Oui, comme ça, je me serais mariée avec toi." (Emilie D., 23 ans, à la forêt, Villeberny, 3 août 2004).

- "Papa !" (Samuel à un an, Romenay, 1984).

- "Jung-Hoon (= Benoît), tous les mercredis matin, pendant quinze ans, j'ai regardé à la télé les enfants adoptés à l'étranger qui voulaient retrouver leur famille d'origine en Corée. J'espérais te voir ; je ne t'y ai jamais vu... Mais tu es là maintenant avec nous !" (Soeur aînée de la mère de Benoît, Daegu, 23 août 2003 - traduction simultanée par Yuna).

- "In Korea I've got a father. In France I have a papa." (Yuna, Londres, automne 2005).
- "Il est mon fils bien-aimé. En lui j'ai mis toute ma confiance. " (Dieu le Père, de toute éternité).

- "Ne changez rien, continuez comme ça, c'est parfait !" (Audrey G. stagiaire à l'APP, Dijon, 2005).

- "Pater agie, teresson autous en to onomati sou ô dedôkas moï" (Jésus de Nazareth).

- "Bernard, je vais peindre sur tes ongles les mêmes dessins que j'ai sur les miens. Comme ça je suis sûre que tu penseras souvent à moi !" (Yuna Omma, Hadong, 31 août 2006).

- "Mektoub" (Le Coran... et aussi : ma belle-mère, en français, années 80 à Romenay).

Paroles brutes ou ciselées, reproduites ici dans un désordre apparent. Qui s'agencent entre elles, et encore avec d'autres, qui se questionnent, se contredisent et se répondent, selon les aléas du temps présent.
Au contraire d'un kaléidoscope de futilités éparpillées, mais jouant tantôt de leur premier degré, et tantôt de leur vertu symbolique, elles participent à dévoiler progressivement à mes yeux la mystérieuse vocation du monde à l'unité.

Pour clore ce message : cette image des prémices de Chuseok (célébration coréenne des générations précédentes et des moissons), illustration de la vérité ci-dessous.
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(Hadong, 17 septembre 2007)

"Si le grain ne meurt..."