01 janvier 2011

Jack 신부님이 영면하셨습니다

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Jack (petit nom pour John) Trisolini n'est plus, depuis quelques semaines. Un de ses collègues vient de m'en avertir. Le 26 octobre je l'avais revu à Séoul. Comme chaque année, il s'était réjoui de ma visite. Nous avions pu échanger assez longuement. Il s'était enquis des nouvelles de mes trois fils et de Yuna - le mariage prochain de Benoît le captivait, il partageait mon souci de savoir Yuna embarquée dans une "église" évangélique, il m'avait expliqué la localisation exacte du "Saint Ex" et de "La Cigale" à Itaewon là où Damien travaille, il avait été enchanté de savoir le prochain passage de Samuel au M.I.T. - et aussi des anciens amis de Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment de Geneviève Mauchamp et des Lacroix ; on s'était aussi rappelé Jean Tillol et Louis Albout. Sa maladie lui laissait un peu de répit. Comme s'il allait d'année en année vers une miraculeuse guérison. Le déjeuner avec ses collègues de la "Commission Pastorale Ouvrière" dans leurs locaux du quartier de Bomun avait été très joyeux. J'avais sorti le meilleur de mon vocabulaire coréen pour remercier et féliciter leur Adjumeoni-cuisinière ! ça avait plu à Jack. Il y a quelques mois un journal de Séoul (je ne sais plus lequel, ça doit se trouver sur Google) avait publié un long article à son sujet, saluant cette vie vouée aux faibles, aux blessés de la société, aux déshérités, en particulier les jeunes, à ceux qui souffrent dans la société coréenne dont les moins de quarante ans aujourd'hui ne peuvent imaginer ce qu'était la misère populaire durant les années de fer.


Le Don Bosco Youth Center, structure d'accueil et de formation professionnelle pour les jeunes en difficulté, dans le quartier de Yeongdeungpo, c'était son oeuvre des années 70 et 80, c'était là qu'il nous avait reçus en août 1973. Cette structure aujourd'hui n'existe plus, les lieux ont fait place à d'autres investissements immobiliers plus lucratifs, selon le choix d'autres ecclésiastiques, décision douloureuse pour Jack ! Ces dernières années, il s'appliquait notamment à aider des femmes d'origine étrangère à se relever de situations matrimoniales dégradantes.


Chaque année un peu avant Noël il adressait à ses connaissances partout dans le monde une page nous informant de son activité... et, discrètement, des hauts et des bas de sa santé... Dans Google, tapez : John Trisolini, et vous trouverez mille informations en coréen, en anglais, en français. Pour ma part, je lui dois beaucoup : D'abord, il est la figure emblématique d'un authentique acteur du message évangélique, cinquante ans sans faiblir (malgré une poliomyélite contractée en Corée à vingt ans, puis un cancer à soixante-cinq ans) au service de toutes ces personnes en Corée vers qui son engagement religieux l'avait conduit ; ceci m'interroge pour les années qui me sont encore données à vivre ; il a été une preuve de la force et de la vérité de ce message. Ensuite, c'est lui qui m'avait introduit à ce pays fascinant dont sont natifs mes enfants, et où se sont développées des amitiés merveilleuses ! C'est un rendez-vous désormais rayé de mon agenda, mais c'est une invitation à vivre toutes ces rencontres au maximum. Jack, merci, et Paix à ton âme !

1 commentaire:

Bernard a dit…

La première émotion est passée.
Remonte maintenant la question de fond : Jack disparu, quelle est mon attache à la Corée ? Car beaucoup s'était construit sur l'amorce qu'il constituait :
- Song-Ja ? Non, sa vie s'est faite ailleurs,
- Yuna, Yukyoung et leur mère ? N'est-ce pas artificiel ?
- Mes fils ? Benoît et Damien qui vivent en Corée n'ont plus besoin de mes attaches là-bas ; Samuel ?
- Les Coréens d'ici, les Coréennes de là-bas, les Adopté(e)s, je ne sais plus vraiment le sens de mon implication à leur côté... les sympathisants ?...
- Orphée mon filleul, sa maman, là il y a sans doute à faire,...